L'intelligence émotionnelle

Février 2009

Beaucoup d'entre nous ont mis leur perception émotionnelle à distance, car trop déstabilisante. Nous avons anesthésié notre ressenti. Nous avons perdu nos repères. Retrouver nos émotions, c'est retrouver une partie de nous-même, qui constitue notre personnalité, et qui permet de nous situer, de faire des choix...

Dans leur livre « Oser s’affirmer », les psychothérapeutes Cloud et Townsend affirment que nous possédons trois trésors à l’intérieur de nous : nos émotions, nos attitudes (ou croyances) et nos comportements. Non pas que ces biens soient toujours dans le vrai, mais ils représentent nos points de repère humains pour vivre, ressentir, penser, agir ou réagir. Nous avons également un esprit, créé pour être en relation intime avec Dieu par son Esprit, et pour (re)connaître la vérité et la vie. Mais dans nos vies, nous constatons comme l’apôtre Paul, que nous ne faisons pas le bien que nous voulons…

Mais pourquoi parle-t-on de « trésors » ? Parce que Dieu nous a dotés de capacités intellectuelles, émotionnelles et motivationnelles, qui font partie de notre personnalité et nous sont également très utiles. Elles nous permettent de gérer la création et de nous développer selon nos besoins.

Il est intéressant de constater que nos émotions sont placées en premier. Pourquoi ? Parce que nous sommes en tout premier influencés (et conditionnés !) par nos perceptions émotionnelles, c’est-à-dire notre ressenti. Dès notre naissance, et même avant, nous existons dans un monde de perceptions. Notre cerveau n’a pas encore la capacité d’analyser et de comprendre le monde qui nous entoure. Les émotions fonctionnent comme signal, avant même que notre cerveau ne puisse réaliser ce qui se passe. Nous avons tous cette capacité, bien que certains soient plus sensibles que d’autres à ce qui les entoure.

Plus nous grandissons, plus nous constatons que le monde dans lequel nous sommes contient des dangers dont nous avons besoin d’être protégés. Lorsque nous ressentons des besoins, nous pouvons souffrir de la non satisfaction de ces besoins, comme par exemple de ne pas recevoir la protection indispensable à notre sécurité, ou l’attention voulue, etc.

Notre milieu familial n’a pas toujours été à la hauteur de nos besoins : nous avons manqué d’amour, nous n’avons pas été protégés, nous avons été victimes du mal, sous une forme ou une autre, sans pouvoir nous défendre. Blessés au plus profond de nous-mêmes, nous en gardons des séquelles douloureuses. Dieu nous a dotés de moyens de défense, pour ne pas souffrir au-delà du supportable, par exemple par le refoulement de notre ressenti. Mais ce qui était une protection naturelle ponctuelle est devenu plus tard une prison quasi permanente. Notre ressenti nous trompe, parce qu’il est maintenant dirigé par la peur du mal. Nous avons érigé une forteresse imprenable. De plus, l’éducation nous a appris à réprimer nos émotions… surtout la colère !

Beaucoup d’entre nous ont mis leur perception émotionnelle à distance, car trop déstabilisante. Nous avons anesthésié notre ressenti. Comment dès lors savoir ce qui est bon ou mauvais pour nous ? Nous avons perdu nos repères, et nous ne sommes plus capables de reconnaître les dangers. Nous subissons toutes sortes d’abus sur notre personne. Mais de plus, nous y sommes habitués… sans réagir !

Retrouver notre trésor, nos émotions surtout, est important. C’est retrouver une partie de nous-mêmes qui constitue notre personnalité, notre sensibilité, qui nous permet de nous situer, de faire des choix selon ce que nous aimons ou voulons. Daniel Goleman dans son livre « L’intelligence émotionnelle » (éd. J’ai lu, 2007), relève cinq formes d’intelligence. Citons les deux premières qui sont déjà tout un programme :

1) la connaissance des émotions
La conscience de soi – le fait de pouvoir identifier ses émotions – est la clé de voûte de l’intelligence émotionnelle. Cette capacité est essentielle à la compréhension de soi et à l’intuition psychologique. Quiconque est aveugle à ce qu’il ressent est à la merci de ses sentiments. Par contre, les personnes qui en sont capables conduisent mieux leur vie et perçoivent plus clairement les répercussions intimes de leurs décisions personnelles.

2) la maîtrise des émotions
La capacité d’adapter ses sentiments à chaque situation dépend de la conscience de soi. On peut pacifier son esprit, se libérer de l’emprise de l’angoisse, de la tristesse ou de la colère, et des conséquences négatives d’une incapacité à y parvenir. Les personnes qui n’ont pas cette aptitude fondamentale sont en lutte constante contre des sentiments pénibles.

Méditons, en guise de conclusion, ce défi lancé par un pasteur, Peter Scazzero : « Il n’est pas possible, pour un chrétien, d’être spirituellement mature, tout en restant émotionnellement immature ». A suivre…

Horizon 9
23, rue de Lyon
1201 Genève

Tél 022 344 72 00
Fax 022 344 65 50